L’initiative ne bafoue-t-elle pas la liberté de choix du*de la consommateur*trice ? – L’initiative ne favorise-t-elle pas les importations de produits issus d’élevages intensifs d’autres pays ? – Le prix de la viande va-t-il prendre l’ascenseur après l’acceptation de l’initiative ? – N’avons-nous pas déjà la loi sur la protection des animaux la plus stricte au monde ? – Pour de nombreux paysannes et paysans, les exigences sont trop sévères !

L’initiative contre l’élevage intensif sera soumise aux urnes le 25 septembre. De nombreuses voix prédisent la fin de nombreuses petites et moyennes exploitations agricoles en Suisse en cas d’acceptation. Quels sont les faits ? – Voilà quelques arguments.

L’initiative concerne surtout les grosses entreprises industrielles

Christoph Hümbelin du Demeter-Gitziberghof : «L’initiative comble l’écart entre le souhait des consommateurs*trices d’un élevage respectueux des animaux et leur comportement à la caisse.»
Christoph Hümbelin du Demeter-Gitziberghof : «L’initiative comble l’écart entre le souhait des consommateurs*trices d’un élevage respectueux des animaux et leur comportement à la caisse.»

Seule une minorité des exploitations agricoles serait concernée par l’initiative, mais de très nombreux animaux en profiteraient. Selon l’analyse d’impact de la réglementation du Conseil fédéral, l’initiative a des répercussions sur environ 5 % des exploitations. Avec un délai de transition de 25 ans, les exploitations agricoles disposent de suffisamment de temps pour se mettre aux nouvelles normes. Les fermes Demeter respectent aujourd’hui déjà les critères exigés par l’initiative, mais tous les animaux qui ne sont pas élevés selon le cahier des charges Demeter, très strict, doivent également avoir une vie digne.

L’Argumentaire

Pourquoi la Fédération Demeter Suisse soutient-elle l’initiative contre l’élevage intensif ?

Au centre des préoccupations de Demeter se trouve un élevage écologique et respectueux des animaux pratiqué dans le cadre d’une agriculture paysanne en lien avec le sol. Les membres de la Fédération Demeter Suisse sont convaincus que des critères clairs concernant l’élevage, l’alimentation, l’accès à l’extérieur et l’abattage constituent une avancée importante vers davantage de bien-être animal.

À quoi ressemble l’élevage dans les fermes Demeter ?

Les fermes Demeter garantissent un élevage conforme à la nature de l’animal, paysan et adapté au site. Elles traitent les animaux comme des êtres sensibles dignes de respect, et non comme des produits d’exploitation. Le sol, les plantes, les animaux et les humains sont considérés comme faisant partie d’un même cycle. Par exemple, les vaches ne sont pas élevées uniquement pour leur lait ou leur viande ; elles apportent une contribution importante à la constitution d’un sol sain grâce au précieux engrais qu’elles produisent. L’objectif est de parvenir à un cycle des éléments nutritifs fermé. Cela signifie que la quantité de fourrage produite dans la ferme définit combien d’animaux peuvent être nourris. Les animaux, à leur tour, déterminent la quantité d’engrais à disposition de la ferme. Le nombre d’animaux peut ainsi de manière optimale être mis en relation avec le site.

Puisqu’il existe déjà une offre bio, pourquoi est-ce que l’initiative serait nécessaire ?

L’existence d’une offre bio et Demeter prouve que la production de produits animaux issus d’un élevage adapté à l’espèce est faisable et rentable. Mais le bien-être animal ne devrait pas être un produit de luxe, mais aller de soi. L’initiative contre l’élevage intensif vise à relever les exigences minimales dans le cadre de l’élevage agricole afin de garantir une qualité de vie améliorée pour tous les animaux.

L’initiative ne bafoue-t-elle pas la liberté de choix du*de la consommateur*trice ?

Consommer des produits issus de l’élevage intensif, synonyme de souffrance animale, n’est pas l’expression d’une liberté, mais est irresponsable sur le plan éthique et écologique et nocif du point de vue de la santé. L’initiative comble l’écart entre le souhait des consommateurs*trices d’un élevage respectueux des animaux et le comportement à la caisse.

L’initiative ne favorise-t-elle pas les importations de produits issus d’élevages intensifs d’autres pays ?

La clause concernant les importations est là pour ça. Elle limite justement l’importation de produits provenant d’élevages intensifs d’autres pays. Toutefois, la Suisse importe aujourd’hui déjà de grandes quantités d’aliments concentrés, car le nombre d’animaux de rente est supérieur au nombre d’animaux de rente qui conviendrait à une production adaptée au site. En important du fourrage pour les animaux, on importe également des éléments fertilisants, d’où des répercussions sur le sol, l’eau, le climat et la biodiversité. Si on affectait les terres arables actuellement consacrées à la culture de fourrages à la production de végétaux pour l’alimentation humaine, on pourrait approvisionner plus de gens en nourriture issue de production indigène – et ceci, cerise sur le gâteau, constituerait un régime alimentaire plus sain. Chez Demeter, 25 % de l’alimentation destinée aux volailles et aux porcs doit aujourd’hui déjà provenir de la propre ferme ou d’une ferme partenaire. À partir de 2025, ce seuil sera relevé à 50 %. Les ruminants doivent être nourris avec du fourrage dont au moins 80 % est produit par l’exploitation, 20 % du fourrage peut être acheté auprès de fermes Demeter ou bio en Suisse.

Le prix de la viande va-t-il prendre l’ascenseur après l’acceptation de l’initiative ?

Actuellement, l’ensemble de la structure des prix vacille, car les coûts de l’énergie et des aliments pour animaux augmentent. Les pronostics sont entachés d’une grande incertitude. Ce qui est sûr, c’est que la viande issue d’un élevage conforme aux besoins de l’espèce doit avoir une valeur. Les producteurs*trices passent beaucoup de temps à s’occuper de leurs animaux, cela doit aussi être rémunéré de manière équitable. À présent, la consommation annuelle de viande par habitant s’élève en Suisse à env. 51 kg. Si nous faisons preuve de modération en réduisant un peu notre consommation de viande, cela ménage à la fois l’environnement, notre santé et notre porte-monnaie et permet aux animaux de vivre mieux. 

N’avons-nous pas déjà la loi sur la protection des animaux la plus stricte au monde ?

Nous disposons déjà de certains atouts, mais nous avons encore une marge de progression. Seuls 8 % des poulets de chair bénéficient des avantages du programme SRPA de la Confédération. Les poussins mâles nés de poules destinées à la production d’œufs sont tués. Les animaux sont élevés en vue d’une production élevée, ce qui entraîne par exemple des problèmes cardio-vasculaires et des fractures chez les poules pondeuses, et des mammites chez les vaches laitières. Les fermes Demeter assurent la santé animal par des soins attentifs apportés à l’élevage, à la reproduction et à l’alimentation des animaux ainsi que par le choix d’espèces appropriées. En cas de maladie, l’animal est traité en premier lieu avec des médecines alternatives. En outre, pour chaque poule pondeuse élevée, un poussin mâle doit être élevé.